SMiLE

Il est des albums qui font évoluer la musique pop, qui transcendent le
genre pour créer une œuvre à part, Sgt Pepper des Beatles et ses
compositions psychédéliques fut de ceux la, Revolver ayant montré
la voie. Ils ne furent pas les seuls.

Enregistré en 1966, le chef d’oeuvre des Beach Boys, puisque c’est du
mythique album SMiLE dont il s’agit ici, aurait du être publié l’année
suivante. Soit en 1967, pour les moins doués en arithmétique d’entre nous.

Brian Wilson

Brian Wilson

Brian Wilson, assumant l’échec commercial de ce qui reste un album
référence pour tout amateur de musique pop digne de ce nom, à
savoir Pet Sounds, une collection de 13 perles aux mélodies et aux
arrangements vocaux rarement surpassés (voire jamais, diront les
fans des BB les plus hardcores), Brian Wilson disais-je, remit le
couvert pour un nouvel opus qui devait se démarquer de son
prédécesseur, inspiré par ses maîtres Gershwin et Phil Spector.

Un nouveau chef d’oeuvre, ou figurerait entre autre le fantastique
single Good Vibrations (une mini symphonie à lui seul, ayant nécessité
6 mois d’enregistrement studio, dans 5 studios différents, représentant
quelques 90 heures de bande, le tout pour la somme de 60.000 dollars
de l’époque) qui se vendra à 400.000 exemplaires en quatre jours,
excusez du peu, Philippe Risoli ne faisait pas encore de musique à l’époque.

Hélas, le projet le plus ambitieux du mentor des frères de la plage
n’aboutira pas. Le puzzle que constitue SMiLE ne semble pas vouloir se
compléter, comme l’atteste les nombreux bootlegs des prises studio de
l’époque. A cela plusieurs raisons : Brian est complètement parano,
sombre dans la dépression (l’album Revolver des Beatles, ses grands
rivaux, l’achèvera un peu plus), le LSD qu’il ingurgite comme d’autres
les litres de coca vanille aura raison de sa santé mentale, et il préfèrera
se coucher dans un lit qu’il ne quittera que trois ans plus tard…une légende,
mais qui en dit long sur l’état de la tête pensante du groupe. Quelques
morceaux, réenregistrés, verront tout de même le jour dans divers
albums des Beach Boys, dont Smiley Smile.

les beach boys en studio

les Beach Boys en studio

37 ans plus tard, après quelques albums solos sympathiques contenant
parfois des joyaux, Wilson et son nouveau groupe, The Wondermints,
créent l’évènement : la « symphonie adolescente dédiée à Dieu », qui
devait être la réponse des Beach Boys au Sgt Pepper des Beatles, est
réenregistrée et complétée, au prix d’un gros travail archéologique.

la pochette de SMiLE

la pochette de SMiLE

SMiLE 2004 est un album magnifiquement orchestré, qui contient des
monuments tels qu’Heroes And Villains ou encore Surf’s Up, la voix
de Brian a beaucoup vécu mais s’en tire avec les honneurs, et les
harmonies vocales des Wondermints, qui, sans surpasser celles des
BB (mais qui les en blâmera) restent sublimes. Van Dyke Parks,
l’acolyte de l’époque, poète de son état, qui avait écrit l’ensemble
des lyrics de l’époque, est aussi de l’aventure, et complète
les morceaux inachevés.

Le disque est divisé en trois mouvements, transcription musicale de
l’histoire américaine, de l’Europe méditerranéenne des émigrants à
Plymouth Rock, puis de plus en plus à l’Ouest, l’évocation de la
rencontre avec les populations indiennes, thème de la perte de
l’innocence, allusions politiques (la guerre du Vietnam dans « Heroes
& Villains
 » ), les lyrics de Van Dyke Parks mélangent absurde et poésie
et traitent des grands idéaux du rêve américain (l’innocence, la foi,
l’espoir, la confiance en l’avenir ) qui contrastent avec l’image
contemporaine de ce pays, peu enclin à la paix ces temps ci…une
sorte de mini-symphonie spirituelle, en somme.

SMiLE, l’arlésienne pop, aboutie et intemporelle, est une pièce
maitresse de la pop moderne. comme le disait si bien Leonard
Bernstein
, « Tout cela, c’est le Bach, le Mozart d’aujourd’hui ».

le site officiel de Brian Wilson

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