chronique martienne

J’ai toujours prêté une oreille attentive aux albums de Muse, sans toutefois
m’extasier plus que de raison sur leurs créations, tantôt dérangé par les
similitudes trop évidentes face aux grands frères de Radiohead, tantôt
par la lassitude qu’engendrait les compositions.

Je sentais un potentiel latent, une sorte de puissance sous-jacente que
ne démentait apparemment pas leurs prestations live, et un goût pour
les arrangements finement ciselés qui n’étaient pas pour déplaire à
l’amateur des Beatles que je suis resté. Bref, on n’était pas chez le
Big Bazar de Michel Fugain.

C’est donc en plein dans ma pauvre petite gueule que je pris il y a une
poignée de jours le titre Knights Of Cydonia, extrait du nouvel album
Black Holes and Revelations, écoutable sur myspace.

Je fus tout d’abord un peu décontenancé. Une sorte de chevauchée spatiale,
une cavalcade ou Ennio Morricone finirait par se faire entreprendre par Freddie
Mercury
. Un titre épique mais pas toc, pour faire du Mc Solaar pourri, pardon
pléonasme, aux choeurs très Queenien, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Ma curiosité piquée, je décidais de me procurer l’album entier. Bordel à
queue. Parfois, j’ai de ces idées. Bénissant le haut débit je lançais l’objet
encore peu identifié.

Take a bow : des nappes de synthé à la « rencontre du troisième type »
ouvrent le bal, c’est confirmé, Bellamy et sa bande nous emmenent dans
un trip spatial (la pochette, repas martien d’octogénaires endimanchés,
ne laissait déjà que peu de doutes à ce sujet). Les rythmes technoides
se marient à merveille à la voix du chanteur qui semble s’envoler vers
un monde meilleur. On imagine Brian May, à cheval sur une comète,
décocher des solos vers la voie lactée.

Starlight est très eighties. Depeche modienne. Pet shop boyenne, me
souffle-t-on. des clap-clap appuyés, une basse puissante, et toujours
ces nappes de synthé. Très belle mélodie. La voix prend encore de la
hauteur.

Supermassive Black Hole est le premier single. Bellamy se prend pour
Beck et cunnilingue un titre funky aux relents hard rock en passant sa
langue sur des robots femelles qui semblent sortis d’un rêve maudit
de Prince sous speedball.

Map Of The Problematique mêle une jolie mélodie piano à des
arrangements toujours plus méticuleux, une excellente rythmique très
appuyée, des guitares. Le titre m’évoque à juste titre ou pas, Smashing
Pumpkins
, et dans une moindre mesure, encore Depeche Mode.
Il explose en final orgasmique de batterie surpuissante.

Soldier’s Poem est un titre calme d’à peine plus de deux minutes,
aux choeurs encore très Queenien, une sorte de ballade au charme
agréablement surané que la bande à Mercury appréciait particulièrement.

On enchaîne sur Invincible et sa rythmique martiale, des vents vénusiens
semblent souffler alors qu’on s’imagine intouchable dans un désert de
poussière rouge et verte. Du Coldplay sous Epice, le chanteur se prend
pour Mua’Dib alors que le ton monte et que les guitares rugissent telles
des vers des sables en rut.

Assassin est le titre suivant, sorte de course poursuite nu metal aux voix
fantômatiques, il est désormais établi qu’il existe de la vie sur mars, et
ses habitants n’écoutent pas Frédéric Lerner, mais plutôt System Of A Down.
Les terriens ne les en blâmeront pas.

Exo-Politics débute sur une lourde rythmique martellée par un pachyderme
mutant aux yeux de feu alors que d’insidieuses six cordes s’immiscent
pour tresser d’improbables volutes mélodiques multicolores.

City Of Delusion est un melting pot de sons et d’instruments, les violons
sont de la partie, les guitares explosent ponctuellement le long de ce titre
très lyrique aux relents arabisants, des passages acoustiques avec
trompettes hispanisantes nous rappelle les explorations
Led Zeppeliniennes.

Hoodoo continue d’ailleurs sur la lancée avec son intro flamenco évoquant
la BO d’un Tarantino de l’espace, pour ensuite muter vers un morceau
violemment rythmique, aux envolées maitrisées.

Vous connaissez déjà Knights Of Cydonia (Cydonia étant, précisons-le,
une région de la planète Mars, ou l’on peut par exemple observer le
fameux « visage » formé par des rochers), qui clôt l’album d’une magistrale
façon.

la pochette de lalbum

la pochette de l'album

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